Témoignage dans Ouest-France Pays de la Loire

Témoignage dans Ouest-France Pays de la Loire

« Si la conciliation ne marche pas, c’est le tribunal ! »

Samedi 21 février 2015,

Les Pays de la Loire comptent au total quatre-vingts conciliateurs judiciaires. Ces bénévoles assermentés désengorgent les tribunaux des petits litiges. Rencontre avec l’un d’eux, le Sarthois Joseph GARNIER.

« C’est incroyable. Parfois, il faut des mois pour arriver à une conciliation. Et lorsque c’est Julien Courbet qui branche l’antenne de RTL sur un dossier, c’est souvent réglé dans la journée ! » Joseph GARNIER, jeune retraité, est conciliateur depuis trois ans en Sarthe. Il fait partie des 80 conciliateurs des Pays de la Loire (26 en Sarthe dont 7 femmes) présidés par Jean-Marie COUTAND. Car les conciliateurs sont organisés en association.

"Un casque bleu"

Cet engagement, Joseph GARNIER ne le fait pas pour l’argent : « Nos indemnités s’élèvent à 58 € par trimestre pour le courrier. » À ce prix-là, c’est souvent la photocopieuse personnelle qui tourne à la maison. « On le fait pour rendre service, explique Joseph. Pour être utile à la collectivité. Pour décharger le tribunal et le juge de proximité. » Et ça marche : en 2014, dans la Sarthe, les conciliateurs ont traité 1 418 dossiers dont 891 ont abouti favorablement
Les litiges ne manquent pas. À croire que c’est même l’une des premières causes de soucis des élus locaux. Le conciliateur est un peu un « casque bleu » « qui décharge les maires de certains problèmes ». Droits de passage, chiens qui aboient, bruit, ballon dans le jardin, vente forcée : on ne s’ennuie pas en conciliation !

Dix ballons dans le jardin

La majorité des affaires touchent le voisinage, 507 en Sarthe en 2014. « Vous n’imaginez pas le nombre d’affaires de haies, de murs, de branches qui dépassent. Ou les servitudes de passage. Notre travail est parfois simplement de faire en sorte que les gens se parlent entre eux. » Déminer. Enterrer la hache de guerre.
Parfois c’est pour un gros litige. « Mais j’ai vu une fois une conciliation pour 15 € ! » Ou de petites broutilles. Joseph raconte le cas de cette petite dame arrivée à la permanence avec un sac rempli de... dix ballons. « Les voisins avaient des enfants qui envoyaient les ballons dans son jardin. Elle était ulcérée. Alors elle ne les rendait jamais. Le voisin a fait appel au conciliateur. Ma lettre avec en-tête de la cour d’appel d’Angers a fait son petit effet. Et la personne est arrivée avec tous les ballons. »

Des grands classiques

Le chien qui aboie dès que son maître s’absente est aussi un grand classique des conflits de voisinage. On n’oubliera pas les cautions retenues abusivement. Là encore, un grand classique dans la location. Tout comme les crédits à la consommation. « Ou des cas de vente forcée : on voit des travaux surfacturés par des commerciaux qui abusent de la crédulité des personnes âgées. Stores, isolation, chauffage... »
Le conciliateur prend parfois des allures de défenseur. « En général, une entreprise n’aime pas lorsque l’on évoque un abus de faiblesse. Et c’est notre rôle de rappeler que si la conciliation ne marche pas, derrière, c’est le tribunal ! »
Le contact est gratuit avec les conciliateurs de justice. Leurs permanences et les contacts sont disponibles dans les accueils des mairies. Voir aussi le site www.conciliateurs.fr.

Éric DE GRANDMAISON.

Article publié dans Ouest-France du 3 février 2015 - page Région Pays de la Loire

La conciliation permet de désengorger les tribunaux. Exemple en Sarthe où, en 2014, pour 1 418 contentieux, 891 conciliations ont abouti favorablement. | Archives Ouest-France